L'Apôtre des Vikings

Saint Anschaire, né en 801 et mort en 865, était un missionnaire français du 9^e siècle qui évangélisa les peuples du Danemark, de la Suède et du Nord de l’Allemagne. Il était aussi moine bénédictin. Tôt dans sa vie, Anschaire désira prêcher l’Évangile dans les terres païennes. Il fonda la première Église chrétienne en Suède en 832. La vie d'Anschaire fut écrite par son compagnon et successeur, l'évêque Rimbert. Voici quelques citations intéressantes de sa vie, telles que rapportées par son compagnon l'évêque Rimbert.

Vision du Purgatoire

La vision du Purgatoire d'Anschaire :

« Sans qu’il eût à fournir le moindre effort, de façon merveilleuse et ineffable, les saints hommes [Saint Pierre et Saint Jean-Baptiste] le firent entrer dans cette lumière. Ils parvinrent ainsi à un lieu où ils le laissèrent, et dont il sut avec certitude, sans que nul n’en ait rien dit, que c’était le feu du purgatoire. Il y éprouva de grandes souffrances, mais eut surtout la sensation d’une épaisse ténèbre, au poids écrasant, où il lui semblait suffoquer. Toute mémoire lui avait été ôtée, et c’est à peine si son esprit parvenait à concevoir que si haut tourment pût exister. Il pensait avoir été ainsi mis au supplice pendant trois jours qui, eu égard à l’intensité infinie de ces affres, lui avaient paru plus de mille ans, quand reparurent les deux hommes. » [1]

Vision de Dieu et de la Lumière

La vision d'Anschaire de Dieu et de la lumière :

« Une lueur sublime éclairait l’Orient, une clarté inaccessible dont l’intensité passait toute mesure, et où rayonnait les feux les plus purs et les plus splendides. Si vaste était cette clarté, que je ne pus lui trouver ni début ni fin. Elle offrait une source de jubilation aux saints dont les rangs joyeux m’entouraient... C’était de Dieu que procédait l’immense illumination... Il était pour ainsi dire en tous, et tous étaient en Lui... Mes deux guides m’avaient amené face à cette immense clarté, où, sans que nul ne me l’eût montrée, je sus que trônait la Majesté du Tout-Puissant. Comme eux, je lui avais donné des marques d’adoration, quand me parvint une voix d’une suavité infinie, et qui couvrait tout autre son. La divine Majesté en était la source, et elle me parut emplir l’univers... » [2]

Les païens adorent et servent des démons

Les païens qui habitaient les terres de Scandinavie qu’évangélisa Anschaire, que l’on connaît mieux sous le nom de Vikings ou Normands, adoraient de faux dieux. Les chrétiens voyaient en leurs dieux des démons, comme l'enseigne l’Écriture (Psa. 95:5 et 1 Cor. 10:20). On demandait à l’époque aux candidats au Baptême de renoncer aux faux dieux des Vikings, tels que Odin ou Wotan.

Les Vikings sacrifiaient des humains et des animaux

« À cette époque, Uppsala, qui se trouvait à 30 km au Nord de Sigtuna, était la capitale du paganisme. On y trouvait un temple couvert d’or, entouré d’un bois sacré, duquel pendaient en permanence les corps des hommes et des animaux que l’on avait sacrifiés. Le temple contenait les images de trois des dieux nationaux de la Suède, Thor, Wotan et Sicco. »

Dans le port suédois de Birka, le roi Björn donna à Saint Anschaire la permission de prêcher l’Évangile. Anschaire convertit l’un des conseillers du roi, du nom de Hergeir. Hergeir fut profondément converti à la vraie foi et appela les païens à faire de même.

À propos des dieux païens qu’ils adoraient, « Hergeir, le fidèle du Seigneur, s’emporta alors, et leur dit : “Maudits soient vos vœux et vos sacrifices, et, avec eux, vos idoles ! Combien de temps voulez-vous encore servir les démons, et, par des vœux insensés, vous réduire vous-mêmes au dénuement ?”... Après quoi Hergeir lui-même porta l’affaire devant leur assemblée, en leur enjoignant de mieux chercher qui était Dieu. “Malheureux !” leur dit-il. Il faut désormais vous résoudre à croire qu’il est vain d’invoquer des idoles incapables de vous secourir dans l’épreuve. Rangez-vous sous la bannière de la foi en mon Seigneur Jésus-Christ, dont vous avez pu vous assurer qu’il est le vrai Dieu, et qui vous a miséricordieusement réconfortés quand vous étiez sans recours. Abandonnez vos superstitions et ne tentez plus d’apaiser vos idoles par de vains sacrifices. Adorez le vrai Dieu, maître de tout sur terre et dans les cieux. Soumettez-vous à sa loi et confessez sa toute-puissance ! » [3]

Le roi viking prétendait être le descendant d’Odin

« Au cours du huitième siècle, les Suédois et les Goths étaient dirigés par un seul roi. Leur roi, dont la capitale était Uppsala, prétendait être d’origine divine en tant que descendant d’Odin, et une fois tous les neuf ans, une grande assemblée de Suédois et de Goths, dont il prenait la tête, se tenait dans ce temple. »

C’est intéressant parce qu’il s’agit d’un autre exemple qui montre que les chefs de religions païennes prétendent être les descendants d'un dieu, ou être nés de Dieu, ou des sortes d’incarnations de Dieu. Il s’agissait de la ruse du démon pour singer la réalité de la seule vraie incarnation de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, dans les différentes fausses religions que le démon a créées.

C’est aussi intéressant parce que de nombreux protestants prétendent que le catholicisme est fondé sur le paganisme babylonien. Ils prétendent que l’enseignement catholique sur Marie Reine du Ciel, que l’on trouve au chapitre 12, verset 1, de l’Apocalypse, vient du paganisme babylonien. Cette théorie est bien sûr ridicule et sans fondement ; mais s’ils étaient cohérents avec eux-mêmes, quand ils disent que toute similitude entre une ancienne religion païenne et une religion plus récente veut forcément dire que cette dernière est basée sur la plus ancienne, ils devraient alors rejeter le Christ lui-même : car le Christ, le Fils de Dieu et vrai Dieu, la Seconde Personne de la Sainte Trinité qui existe de toute éternité, est engendré éternellement par Dieu le Père, comme nous l’apprend l’Évangile, et de nombreux anciens chefs de religions païennes prétendaient être des fils de Dieu, ou des descendants de Dieu.

Le pape Grégoire IV publia un anathème papal

En 831, Anschaire se rendit à Rome auprès du pape Grégoire IV pour obtenir son approbation à propos de sa fonction épiscopale. Le pape confirma le ministère d’Anschaire par un décret d’autorité. Les termes utilisés par le pape Grégoire IV sont très intéressants. Il menaça du glaive de l’anathème et condamna aux châtiments éternels de l’Enfer quiconque essaierait d’entraver ou de contrecarrer les efforts d’évangélisation des Suédois et des Danois. Nous sommes bien éloignés des hérésies modernes du dialogue interreligieux, du faux œcuménisme et de l’hérésie « vous ne pouvez pas juger, » qui sont toutes opposées à l’enseignement catholique infaillible.

« C’est devant la dépouille et le tombeau de saint Pierre que le pape Grégoire donna à Anschaire toute autorité pour prêcher ces peuples. Et afin qu’aucune de ces décisions ne fût jamais remise en cause, il menaça du glaive de l’anathème et condamna aux châtiments éternels de l’Enfer quiconque entraverait ou tenterait de contrecarrer en quelque façon les saintes entreprises de l’empereur [Ludovic] » [4]

Anschaire au diocèse d’Hambourg

Anschaire fut nommé en 831 à la tête de l’archevêché d’Hambourg par l’empereur avant que le pape ne soit au courant. Le siège épiscopal d’Hambourg était un nouveau siège que l’empereur venait de former. Après l’avoir créé, il nomma Anschaire à sa tête comme évêque. Anschaire fut ensuite consacré par les évêques de la région. Le pape Grégoire IV confirma la décision, mais il ne le fit qu’après coup. Il s’agit d’un exemple de plus qui démontre qu’à plusieurs reprises dans l’histoire de l’Église, les évêques étaient parfois consacrés et installés dans des nouveaux territoires sans mandat papal ou sans avoir reçu l’approbation du Pape.

Cela contredit et réfute la position schismatique de « l’absence de juridiction. » Ces schismatiques prétendent que dans une situation particulière, d’urgence ou de crise, comme celle d’aujourd’hui, personne n’a le droit de consacrer un évêque sans mandat papal sous peine d’excommunication. En réalité, ils soutiennent qu’il est interdit aujourd’hui de prendre une quelconque initiative dans le domaine du ministère religieux ou sacerdotal. Leur position est fondée sur une mauvaise compréhension et une mauvaise utilisation des lois ecclésiastiques, promulguées dans des circonstances spécifiques pour une durée donnée.

D’après eux, pour agir légalement, tout le monde doit avoir l’approbation de l’ordinaire que l’on reçoit dans les circonstances normales. Et, puisque la juridiction est nécessaire pour que les prêtres puissent validement absoudre en confession, ces schismatiques concluent que toutes les absolutions prononcées aujourd’hui, même par des prêtres validement ordonnés, sont invalides ; car d’après eux ces prêtres ne peuvent pas avoir de juridiction sans l’approbation de l’ordinaire. Leur position est fausse et constitue une perversion du droit canon, ainsi qu’une incompréhension des principes catholiques, et plusieurs exemples de l’histoire de l’Église la contredisent, comme celui d’Anschaire.

En effet, l’approbation du pape ou de l’ordinaire est le moyen normal – la mission ecclésiastique – par lequel on reçoit la juridiction. Mais l’Église peut en fournir une, et en fournira une, de façon directe dans différentes situations. L’Église peut fournir et fournira une juridiction automatique dans l’intérêt du fidèle dans diverses circonstances. L’erreur de la position de « l’absence de juridiction » découle de l’échec des schismatiques à reconnaître la distinction suivante : alors qu’il est nécessaire par loi divine d’avoir une juridiction pour prononcer une absolution valide, la manière dont l’Église octroie la juridiction est une affaire de loi ecclésiastique. Ainsi, ces lois qui régissent la façon dont sont attribuées les missions ou juridictions ecclésiastiques peuvent avoir des exceptions puisque ce sont des lois ecclésiastiques. Elles peuvent cesser de s’appliquer ou d’obliger dans différentes circonstances.

C’est précisément pourquoi, à plusieurs reprises dans l’histoire de l’Église, les évêques qui étaient installés avant d’avoir reçu l’approbation du pape, agissaient malgré tout de façon valide lorsqu’ils confessaient et absolvaient, à des catholiques de bonne foi. Donc, la théorie schismatique de « l’absence de juridiction » est fausse.

L’amour de la solitude de St. Anschaire

« Saint Anschaire se retirait dans son oratoire avec quelques compagnons aussi souvent que la prédication, les devoirs ecclésiastiques et le souci qu’il avait des païens lui en laissaient le loisir, et il y “habitait avec lui-même.” Mais jamais il ne laissa ses propres goûts ni son amour de la solitude l’emporter sur le bien du troupeau qui lui avait été confié » [5]

Notre vidéo Solitude : là où l'on trouve Dieu parle justement de l’importance de celle-ci, à la fois pour construire une relation avec Dieu, mais aussi pour analyser correctement les situations en accord avec la façon dont Dieu voit les choses, plutôt qu’en accord avec les opinions corrompues des hommes.

Anschaire fut confronté à de nombreux païens au cours de ses efforts pour convertir les peuples du Nord de l’Europe, et fut même expulsé du Danemark. Mais Anschaire eut du succès à faire des convertis parmi les païens de ces terres, et beaucoup furent baptisés. Saint Anschaire mourut en 865.

Sur le point de mourir, il demanda la récitation du credo athanasien

« Son premier et son plus cher souci était, cependant, sa mission auprès des païens. Il passa presque toute la nuit qui suivit à renouveler de telles recommandations. Mais quand les frères qui l’assistaient entonnèrent selon l’usage la litanie et les psaumes qui accompagneraient ses derniers instants, il les pria de bien vouloir chanter aussi le Te Deum laudamus et la profession de foi catholique du bienheureux Athanase » [6]

Le credo Athanasien déclare infailliblement que : « Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique : celui qui ne la garde pas intègre et inviolée ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle. » [7]

Dans la vie de saint Anschaire et des vrais catholiques de ces temps-là, nous reconnaissons la pure foi catholique sans compromis qui fut révélée par le Christ et confiée aux apôtres.

Saint Anschaire, priez pour nous.

Notes :